La fille qui tressait les nuages by Céline Chevet

La fille qui tressait les nuages by Céline Chevet

Auteur:Céline Chevet [Chevet, Céline]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
ISBN: 9782375680834
Éditeur: Editions du Chat Noir
Publié: 2018-06-05T22:00:00+00:00


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26 Marque de convenience store (konbini).

Chapitre IX

Souichiro rendait jaloux. Il en avait toujours été ainsi. Un garçon bien bâti, les traits fins, bien dessinés, le teint homogène, le cheveu brillant et le regard profond. C’était un beau garçon avec une intelligence particulière qui tenait plus de l’expérience de vie ou d’une forme de sagesse. Il avait treize ans, semblait en avoir vécu deux fois plus. Pour ceux qui y croyaient, il était décrit comme une vieille âme. Là où d’autres s’émerveillent sur le monde, il donnait l’impression d’avoir déjà tout vu et tout vécu.

Souichiro avait à la fois foule autour de lui et très peu d’amis. Il était une existence paradoxale mais respectée.

Ne se bagarrant que peu, il ne trouvait jamais de raisons suffisantes pour s’intéresser trop longtemps aux autres et à leurs provocations. Les enfants de son âge ne lui cherchaient jamais de noises et les plus vieux lui connaissaient une réputation cruelle : Souichiro se battait peu, mais ne perdait pas.

Il fut un jour pourtant où on lui brisa les os. Un jour où il cracha son sang sur le sable du petit parc. Un jour où ses yeux noirs haïrent le monde et moi avec.

Souichiro avait treize ans, c’était un quinze juillet, il faisait chaud. Une chaleur étouffante, de celle qui donne envie de paresser chez soi et il savait si bien le faire que ses membres s’étaient fondus dans le tatami depuis déjà plusieurs heures.

— Sou-chan ! Téléphone ! avait annoncé sa mère une première fois.

Comme Souichiro ne répondait pas, elle s’était dirigée dans le salon, avait blâmé les rayons du soleil qui jaunissaient les tatamis sur lesquels son fils imitait un flegme reptilien et lui avait tendu le combiné.

— C’est ton ami Julian.

D’un geste très lent, Souichiro avait ouvert les paupières, laissé son corps rouler sur le ventre, tendu une main paresseuse et attrapé le téléphone.

— Allô ? avait prononcé sa voix rauque et endormie.

— Souichiro ? C’est Julian. Tu peux venir au parc s’il te plaît ?

Un moment de silence puis Souichiro avait demandé :

— Maintenant ?

Quand il s’agissait de moi, Souichiro ne posait pas de question inutile, il avait toujours été indulgent, comme une mère qui gâte trop son enfant. Ce jour-là, il n’avait pas demandé « pourquoi ? ».

— Maintenant, avais-je répété.

Ma voix tremblait.

— C’est important, avais-je ajouté pour être sûr que Souichiro viendrait.

— Tu as des problèmes ? s’était inquiété mon ami en percevant la tension au travers du combiné.

— Non, avais-je aussitôt répliqué.

Trop vite peut-être…

— D’accord, je viens.

Ils m’étaient tombés dessus dans le parc une demi-heure plus tôt. Un groupe de cinq adolescents dont le plus vieux devait bien avoir seize ou dix-sept ans. L’un fumait de l’herbe et ses pieds planaient au-dessus du sol en soulevant un peu de sable ; un autre avait les cheveux décolorés et des lentilles bleu électrique qui lui conféraient des airs de démon. Le plus vieux regardait souvent le ciel en se plaignant de la chaleur, il agitait



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